Congrès 2019

Agir face au sentiment d’impuissance

Le troisième congrès international sur le développement du pouvoir d’agir s’est déroulé à Lausanne les 13, 14 et 15 février 2019. Il a réuni plus de 250 participants venant des milieux du travail social, de la formation et de l’enseignement.

Les membres de l’association ont participé à l’organisation du Congrès et contribué à son succès.

 

Les travailleurs sociaux et les enseignants sont confrontés régulièrement à des situations potentiellement bloquantes. Même si les contextes sont différents, l’école constitue un lieu de rencontre entre le monde du social et celui de l’éducation autour des questions socio-éducatives. Ce congrès vise à permettre un dialogue autour du développement du pouvoir d’agir. Lors de situations difficiles, les logiques de cadrage systématique et de diagnostic des carences ont montré leurs limites. L’approche favorisant le développement du pouvoir d’agir, permet :

• aux professionnels d’augmenter le sentiment d’efficacité personnelle et de diminuer la souffrance au travail ;

• aux élèves et aux usagers de trouver ou retrouver leur sentiment de compétence en restaurant le mouvement dans un contexte où tout semblait sans issue.

Conférenciers :

Jean-Michel Bonvin, professeur ordinaire, Université de Genève
Yann Hodé, directeur des services psychiatriques Jura Bernois-Bienne-Seeland
Yann Le Bossé, professeur ordinaire, Université de Laval
Mauro Amiguet, professeur ordinaire, HEP Vaud

Yann Le Bossé, professeur ordinaire, Université de Laval  

Le développement du pouvoir d’agir : un soutien stratégique à l’enseignement et au travail social ? 

La présentation porte tout d’abord sur la finalité des pratiques socio-éducatives. Plus précisément nous tentons de répondre à la question: « dans le domaine des pratiques socio-éducatives, qu’est-ce qui nous permet de considérer que notre accompagnement est un succès ? ». Existe-t-il une cible générale susceptible de regrouper un ensemble d’indicateurs éparses? Un point de visée intégrateur applicable à tous les contextes? Après un bref passage par les fondements philosophiques de l’intervention socio-éducative, nous abordons différents champs théoriques susceptibles de nous aider à bien cerner le point focal de ce type de pratiques. Nous présentons par la suite une proposition susceptible de faire converger les multiples enjeux en présence ainsi qu’un cadre de référence concret directement utilisable dans le contexte d’intervention spécifique de chacun.

Yann Hodé, directeur des services psychiatriques Jura Bernois-Bienne-Seeland

Le développement pouvoir d’agir, un concept à la mode ?

Le concept “du pouvoir d’agir” connait beaucoup de succès depuis quelques années. Son succès est lié à trois facteurs, la récence du concept (facteur nouveauté), l’adéquation du concept avec des valeurs personnelles auxquelles on adhère (facteur affinité) et des travaux scientifiques qui montrent que le concept a une pertinence et un intérêt (facteur pragmatique). Son succès conduit aussi à des utilisations inadaptées du concept qui peuvent amener à le dévaloriser et qui peuvent démoder prématurément un concept porteur de progrès. Ces différents aspects sont abordés pour montrer les perspectives offertes par ce concept.

Mauro Amiguet, professeur ordinaire, HEP Vaud

Le pouvoir d’agir : une méthode de plus  pour gérer les élèves difficiles? 

La réponse à la question est clairement un «non», mais il est intéressant d’aller un peu plus loin et d’essayer de comprendre pour quelles raisons le développement du pouvoir d’agir est une approche cohérente pour le monde de l’école et de la formation.  Le but de cette conférence est de mettre en lien différentes composantes épistémologiques de l’approche du développement d’agir avec des références scientifiques (neurosciences, sciences cognitives, sociologie de l’éducation) permettant d’étayer la pertinence du développement du pouvoir d’agir comme approche de prise en compte des élèves.

Jean-Michel Bonvin, professeur ordinaire, Université de Genève

Penser le pouvoir d’agir au prisme de l’approche par les capabilités

Après une brève contextualisation de l’approche par les capabilités, la présentation met en évidence sa contribution pour (re-)penser le pouvoir d’agir. Elle se déploie en deux temps. Tout d’abord elle identifie les facteurs et paramètres nécessaires au déploiement d’un pouvoir d’agir réel (et pas seulement formel). Sont ainsi mis en évidence les ressources et facteurs individuels et contextuels indispensables au développement du pouvoir d’agir. Ensuite, elle porte l’accent sur l’importance de la liberté de choix dans l’exercice du pouvoir d’agir, mettant en lumière les paramètres à prendre en compte pour le développement d’un pouvoir d’agir qui aille, à l’encontre des visions paternalistes souvent animées des meilleures intentions, dans le sens de la reconnaissance de la liberté réelle de choix des bénéficiaires. L’approche par les capabilités propose ainsi une conception originale du pouvoir d’agir qui repose sur deux versants complémentaires – pouvoir d’agir réel et liberté de choix – conçus come des conditions sine qua non du développement des capabilités. 

Yann Le Bossé,  professeur ordinaire, Université de Laval 

L’apprentissage expérientiel : une démarche pédagogique centrale dans le processus de développement du pouvoir d’agir

Quelle est la spécificité de l’apprentissage expérientiel?  Comment ce qui a été vécu personnellement peut-il constituer une matière première précieuse pour tirer des enseignements durables et structurants? À l’occasion de cette présentation, nous tentons de dégager des éléments de réponse à partir de connaissances théoriques reliées à ce domaine mais aussi sur la base de constats issus de la pratique professionnelle. Nous nous intéressons notamment à la question du rapport à l’action et à ses déterminants.